Qui dit Inde dit contraste. Elle enchante autant qu’elle dérange. Elle stimule autant qu’elle embête. Elle est développée autant qu’elle est pauvre. Ceci dit, impossible d’émettre des constats généralisables à tout le pays. Surtout pas après si peu de temps, et si peu de terres découvertes. Nos premières expériences en Inde sont, en effet contrastantes:
Des odeurs d’épices et d’encens et de fleurs mêlés à des odeurs de fumiers, poubelles, pollution.

Des rues bondées de véhicules motorisés qui filent à toute allure entre les vaches et les chèvres errantes.


Déguster le meilleur repas de ta vie, pour la satisfaisante somme de 0,50$.

Des sarees colorés et flamboyants détonnent avec le gris poussièreux de la ville.

Des animaux de la ferme qui se nourrissent de poubelles urbaines.

Et plus encore…
Un mélange d’évolution et de tradition. L’Inde fait peur. On dit souvent que c’est le voyage ultime, le summum du dépaysement. Rassurez-vous, l’Inde fait plus de peur que de mal. Nos premières ici:
Notre entrée en Inde se fait en toute confiance. Qui d’autres que nous 4, voyageurs aiguisés, débarquent dans un nouveau pays, et pas n’importe lequel, sans avoir réservé de chambre. On apprendra vite qu’on peut moins se la jouer backpacker ici, car on risque de tomber sur “full, sorry” quelques fois.
Notre premier saut se fait à Kochi, c’est ici que le coup de coeur commence. Une ville portuaire dans la province du Kerala qui abrite un quartier forteresse quelque peu délâbré où se mêlent locaux, expats et un bon lot de touristes. Les milliers de petites boutiques partagent les rues avec de charmantes guesthouses chez l’habitant. Un village bondé de pêcheurs qui s’exécutent avec une technique chinoise vieille de plus de 400 ans avec de géants filets:


Dès notre première journée en territoire indien, on loue des motobikes pour se diriger vers “le secret le mieux garder de Kochi” selon Lonely Planet, Cherai Beach. 25 km plus loin et les os fessiers raqués, on atterit dans une plage qui manque un peu de charme et qui n’accepte vraisemblablement pas le bikini.

Notre première séance de shopping en ville nous apprendra que les indiens, ils savent négocier. Ils ont toujours un meilleur prix “for you my friend” ou un prix spécial “morning customer deal my friend”. 4 tuniques plus loin, Manue et moi on est rendu pro. On est prête pour l’harcèlement aux marchés locaux.
Nos premières séances de yoga en Inde auront lieu sur le toit de notre maison, au levé du soleil pour poursuivre les traditions implantées au Sri Lanka. Mon élève fidèle et motivée Emmanuelle y prend de plus en plus goût, réclamant sa session matinale à chaque jour.
Notre premier petit déjeuner ne peut pas être plus typique et local. Un stand de métal où s’alignent les indiens (hommes) en jupes roulées aux genous s’enfilent des chaïs très sucrés après avoir mangé des petits pains plats avec pois rôtis épicés. On s’y installe, un peu incertains, pour tellement en apprécier le dépaysement qu’on y retournera le lendemain.


Nos premiers transports en autobus nous donnent la nausée. Ici, les autobus locaux sont maitres de la route. Les plus imposants, les plus dangereux, et les plus téméraires contournent les tuktuks/voitures/vélos/piétons/vaches/chèvres/chiens/moutons/dindons à grand coup de volant et de klaxon. D’ailleurs, parlons-en du fameux klaxon. On peine encore à comprendre son processus d’utilisation. On klaxonne pour s’annoncer quand on passe près d’un autre véhicule. On klaxonne pour saluer, on klaxonne pour annoncer un arrêt, on klaxonne pour dépasser, on klaxonne pour tourner, on klaxonne pour s’arrêter, on klaxonne même quand il n’y a personne. Et on klaxonne certainement quand les autres klaxonnent. Donc on en comprend qu’on klaxonne, point. En tout temps, à tout moment, on en fait une mélodie. Les autobus ont même 3 types de klaxons: le court et strident, le gras, du style trompette, et celui en 3 temps: bip bap booop. Nous ne sommes pas rendu à comprendre les 3 sons dans notre quête au fonctionnement du klaxon. Je vous en reparle à la fin du voyage.
Notre première activité touristique/culturelle se fait à Alleppey, aussi dans la province du Kerala. Le Kerala est reconnu pour ses canaux et rivières totalisant 900 km à travers la province. Les lagunes et canaux étroits bourrés de charme et de flores luxuriantes étonnent. On opte pour le célèbre tour de houseboat. Pour ce faire, pas question de nous faire avoir par une agence attrape-touriste, on se présente directement au port et on magasine notre bateau, où on y passera la journée et la nuit. On magasine. Il y a plus de 2000 bateaux, 1500 en fonction. On magasine comme si on magasinait un char. Celui-là a un 2e étage, on n’en veut pas on veut plus petit. Mais celui-là a une belle terrasse en avant (surnommé le chilling spot), mais la table est pas super pour jouer aux cartes.




La première fois qu’on a voulu acheter notre propre alcool, les garçons ont dû aller se mettre en file avec les indiens en jupe roulée pour entrer dans un vieux bazar et quémender des substances alcoolisées à un homme derrière un grillage imposant. D’ailleurs, en “file” avec les indiens n’est pas tout à fait juste. L’expression à la “file indienne” est la plus fausse de toutes. Pas de file ici, des tas. Des mottons de personnes et celui qui a le coude le plus solide l’emportera.

La première fois qu’on s’est fait dépasser en ligne Manue et moi, on n’en croyait pas nos yeux. On patiente gentiment pour obtenir notre billet de ferry en ce qui semblait être une file. Pas un, mais bien deux indiens chacun leur tour sont passés directement devant nous au comptoir, posant subtilement leur avant-bras sur le comptoir devant le nôtre et tendant l’argent au commis. Bon. On a décidé qu’on n’allait pas se laisser faire et qu’à l’avenir, on fera à l’indienne et on fonce dans le tas!
Notre première excursion en dromadaire (ou chameaux, j’ai pas compté ses bosses) était à Alleppey Beach, après notre excursion sur houseboat. Pour 2$, une belle balade à dos de ces imposantes bête sur la plage qui nous préparera pour notre prochaine excursion de 3 jours dans le désert, dans quelques semaines. On a bien hâte, ce fut une belle pratique..


Après Alleppey, direction Mysore dans la province de Karnataka. Une très grande ville reconnue comme la capitale de l’Inde du Sud avec son somptueux palais qui attire presque autant de visiteurs que le Taj Mahal. La ville est aussi connue comme ville source du yoga, car de grands gurus connus du milieu proviennent d’ici. Des yogis de partout dans le monde viennent s’y installer pour faire leur formation de professeur dans les écoles des grands maitres. Je me devais, bien sûr, d’y tenter l’expérience. Mais les classes libres sont rares ici. Beaucoup de formation mais très peu de classes participatives. Après quelques essais infructueux, anecdote au prochain paragraphe, je tombe sur Badri. Un yogi de 61 ans qui en parait 40 m’enseignera pendant 3 jours, en privé, pour réussir à me tortiller dans des postures que je ne savais même pas physiquement possible. Un homme entièrement dédié au yoga qui consacre ses journées entières à enseigner aux locaux dans une école pour enfants handicapés (qu’il soutien aussi) sans demander d’argent en retour, simplement pour transmettre sa passion.


La première fois où on s’est vraiment senti comme des imposteurs: On décide d’essayer une école de yoga, les 4 ensembles car les copains ont aussi envie de faire l’expérience du yoga dans la fameuse ville de Mysore. On prend soin de choisir une école qui semble ouverte à tous niveaux, la dame est hyper gentille et on se sent bien. On se lève plein de volonté le lendemain, on enfile nos plus beaux habits de yogis et on part. On se fait acceuillir par le professeur indien condescendant qui fait de l’attitude à mes amis car ils ne connaissent pas les séries de mouvements avant même que le cours commence. Ark! On sort rapido en disant qu’on ne se sent vraiment pas les bienvenus, ce qui est totalement anti-yoga. Le prof aura même droit à un “Namasté asshole” à notre sortie, lancé par JpR. On est crampé, on va déjeuner. La dame nous sert ses petits plats maisons sur le coin d’une rue avec du bon chaï bien sucré et ça nous remonte le moral. Pour 2$ à 4.
Notre première visite culturelle se fait au sompteux Palais de Mysore.





Parlant du monde et des infos qu’ils nous donnent… La première fois où on réalise que (désolée pour les lecteurs indiens) ce n’est jamais clair quand un indien nous parle. Impossible, mais vraiment impossible d’avoir une réponse claire par oui ou par non. C’est toujours un mouvement de tête bubbly head comme les petits chiens quétaines qu’on retrouve parfois dans les voitures qui branlent la tête au mouvement. Voyez? C’est exactement ça. “Is the bus station that way?” Mouvement de tête. “So, that means yes?”. Mouvement de tête. Et quand on demande de préciser si c’est “yes or no”, on a déjà eu droit à “yes, yes but no…”. On abandonne. On avait déjà droit à ce type de réponse au Sri Lanka mais ici, c’est que ça. Démonstration du mouvement de tête en photo:

Aussi, lorsque les indiens affirment quelque chose, ils affirment toujours avec conviction et fermeté. Avec l’assurance qu’ils ont, on les croit. Mais vite on se rend compte que c’est souvent du n’importe quoi. Comme l’histoire des heures du palais. Où comme quand on demande la distance entre 2 attraits, c’est toujours 2km. De la ville au temple? “2km M’am”. Du temple à l’hotel? “2km M’am”. De Mysore à Mumbai? “2km M’am”. C’est à ce moment qu’on se rend compte que c’est du n’importe quoi. Même chose pour le temps: “5 minutes walk?” Yes. “Isn’t it more like 15mins?” yes yes. “30 minutes walk?” Yes! Bon. On apprend rapidement comment ça fonctionne et on en rit de bon coeur.
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Les mythes de l’Inde démystifiés:
Oui, y’a du monde… en ta! On parle du 7e plus gros pays en superficie mais qui a 35 fois plus de monde que le Canada. 1,2milliards. Plus populeux même que la Chine au km carré:

Oui, il y a des vaches en liberté dans la ville, qui “brouttent” les poubelles. On apprend qu’à Mysore par exemple, elles appartiennent toutes au même gars qui va les traire le matin avant de les relâcher en ville afin qu’elle se nourrissent de déchets, pour revenir le soir, les traire encore et répéter la même routine le lendemain.

Oui c’est dépaysant et oui c’est foutrement différent de chez nous, mais tout de même facile et vivable. Peut-être avions-nous des attentes selon ce qu’on entend et qu’on prétend, ou peut-être qu’on a bien été préparé par le Sri Lanka mais l’Inde, ça se fait aussi bien que l’Asie du Sud-Est.
Il faut savoir que oui, il y a énormément de pollution et probablement pire que partout ailleurs où nous avons été. Restons zen!
Non, il ne faut pas être ultra-vigilant avec la bouffe. La bouffe de rue est excellente et fraiche. On fait beaucoup plus confiance à ces mamans qui ont concoté des repas maisons et qui les vendent sur la rue que les gros restos de touristes qui offrent des burgers dans un pays qui ne mange pas de boeuf…
Car non, on ne mange pas de boeuf en Inde. La vache est sacrée car considérée comme la mère de tous: elle produit du lait. Et non, il n’y a pas de BigMac au McDo!!
Non ils ne sont pas végé, mais je dirais que la moitié des restos affichent un menu 100% végé. Ils mangent du poulet et du poisson principalement.
Oui, il y a de la pauvreté extrême et oui, les enfants te courrent après dans la rue, nue pied, pour demander quelques sous. Le plus triste, c’est de voir la maman au loin qui encourage cela. Une autre réalité, un mode de survie.
Oui, il faut se couvrir si on est une femme. Personne ne fera de commentaires déplaisants si on se balade en short et cami, par contre les regards en disent long. Aussi, ils ne vivent pas comme ça ici alors mieux vaut suivre leur tenue, on est quand même chez eux! (ce qui fait notre affaire, car ça nous “oblige” à magasiner encore plus de tuniques!!)
Parlant magasinage, oui on veut tout acheter en Inde!! Des vêtements, des bijous, des tapis, des status, de la vaisselle… On voit Jp ici qui commence à nous monter notre ptit kit de vaisselle indienne!

Il y a des “om” partout partout. Ce fameux symbole associé au yoga à une signification plutôt religieuse. Sur les bâtisses, sur les bijoux, dans les écoles, dans les temples, en tattoo… Je fit avec mon collier, merci MMV 😘


Oui l’Inde c’est beau, c’est magique. Les femmes sont belles, colorées, les villes brillent de vie, les paysages sont des plus différents et envouteurs d’une place à l’autre. Les couleurs, les saveurs, les odeurs, tous combinés viennent créer un lot de sensations uniques et…vraiment magiques.
Bien entendu, nos premières impressions n’attendent qu’à être contredites par les prochaines mais pour l’instant, on est plus que ravis de savoir qu’il nous reste encore plus d’un mois!!
Prochain billet: Hampi, Goa et Mumbai.
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