Découvrir la Chine en famille

Un vol de quatorze heures nous sépare de notre destination vacances de cette année: Shanghai, Chine.

14 heures et 20 minutes, 860 minutes précisément, à franchir avec notre petit monkey de 16 mois. Ces chiffres nous mènent à une statistique pseudo-scientifique: on a 13 760 chances que ce vol soit une torture. Avec en main des petits jouets, de multiples collations, un téléphone rempli d’émissions de bébé, le porte-bébé pré-installé, le toutou à proximité, le Bénadryl prêt pour le droguer… on attaque ce périple comme si notre vie (ou survie) en dépendait. En temps normal JP et moi adorons prendre l’avion. On fait partie de cette faible cohorte qui apprécie les vols mêmes les plus longs, qui apprécie la bouffe sèche et le manque d’espace. Pour JP, à peine a-t-il le temps de boucler sa ceinture qu’il dort déjà. Et moi, ce petit moment d’arrêt imposé me permet de m’enfiler le maximum de films selon la durée du vol. Mais pas cette fois, on le sait bien. Ces petits moments de bonheur avec enfants à bord, c’est terminé.

À peine décollé, on sort l’atiraille. Bébé est ensevellis sous les jouets, la bouche pleine de collation, le divertissement en marche… la définition même de la surstimulation. Mais bébé s’en fout. Tout ce qu’il souhaite, c’est de bécotter la fillette derrière et de lui tendre la moitié de son “slinky” pour jouer, de flatter les cheveux de monsieur devant, de faire des “coucous” à notre voisin et des “allo-babye” à tout le personnel à bord. Et parce que ce n’est pas assez d’attention, il déambule les allées en tapochant même ceux qui dorment pour leur faire de belles façon. Bébépute en pleine action.

On disait donc, quatorze heures. On mange, on joue, on sieste. On se réveille, on joue, on re-mange, on re-re-joue, ensuite “routine” dodo version avion: changement de couche, pyjama et brossage de dents dans les toilettes de 2 pieds carrés. Histoire, biberon et dodo au sol. Le tout, sans Benadryl. Petite victoire ici! Après un bon 5 heures de dodo et quelques gigotements, nous voilà déjà rendus à destination. Pas mal, non?!

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Shanghai

Comment sait-on qu’on arrive à bon port? Suffit de regarder par le hublot pour y apercevoir la belle grosse boule épaisse et dense de smog brun-gris-jaune qu’on s’apprête à pénétrer. Une petite nausée à ce premier coup d’oeil, vrai. Les fameux grattes-ciel sont à peine perceptibles à travers ce brouillard pollué. L’indice de qualité de l’air cette journée affichait “Unhealthy”… Un peu inquiétant sur le coup mais je vous assure, les jours suivants étaient bien dégagés et fabuleux. La preuve:

On arrive donc au pays des “le/la plus (…) au monde”, on s’en rend vite compte, en commençant par le train le plus rapide au monde: 430 km/h à l’odomètre à sa pleine vitesse. Preuve en photo et vidéo. Fait étonnant, on ne colle pas dans le banc telle la feu toupie de la Ronde, à vrai dire on ne ressent pas vraiment la vitesse. On franchis 45 kilomètres en 8 minutes pour se rendre au centre-ville. Impressionnant, le Maglev.

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Shanghai, c’est la définition même d’une métropole extravagante, surpeuplée et agitée. Un pôle urbain peu cosmopolite contrairement à ce qu’on peut penser avec peu ou pas d’indications en anglais et peu ou pas de gens qui parlent la langue internationale. La ville offre de multiples quartiers pour tous les goûts: Xintiandi pour les restos un peu plus high-end et qui servent des repas à saveur un peu plus occidentale, French Concession et ses magnifiques rues bordées d’arbres matures où se rassemblent bon nombre d’expats venus déguster les rares croissants de la ville, Nanjing et ses boutiques aux néons éblouissants, Yu Yuan Garden et son petit village typique… On rejoint nos amis en plein coeur de The Bund, un quartier vibrant qui s’apparente au vieux-port de Montréal avec ses bâtisses coloniales et tout près, un centre-ville grandiose. Y siège notre demeure pour les prochains jours, probablement “le plus petit appartement au monde”: un coquet logement Airbnb au 3e étage d’un édifice plutôt douteux où l’on cuisine autant que l’on sèche le linge dans les couloirs de l’immeuble lugubre. À proximité de tout, on en profite pour contempler la ville au lever du soleil (merci, décalage horaire…) pour se sauver des foules. Tai chi par-ci, cerf-volants de dragon par là, le matin est le moment privilégié pour découvrir les joyaux de la ville qui se réveille.

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Outre notre appartement qui bat des records de petitesse, notre prochain “le/la plus (…) au monde” sera le tunnel sous-marin pour se rendre dans le quartier des affaires. Je ne sais plus pourquoi il se démarque ce tunnel mais il est considéré comme “le plus (……) au monde”. Important de préciser! On se rend alors à la “2e plus haute tour au monde” (après la célèbre tour de Dubai) pour découvrir la ville vue de haut… très haut. 632m, 128 étages, 5 sous-sols. Pour se rendre à l’observatoire panoramique, on monte à bord du “plus rapide ascenseur au monde”, qui voyage à une vitesse de 74 km/h. Je confirme que les oreilles souffrent à la descente.

La vue est magnifique et nous permet d’observer l’ampleur de la métropole de 24 millions d’habitants.

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Zhujiajiao

Une belle journée ensoleillée avec beaucoup trop de populasse en ville (vu la Golden Week qui monopolise le pays tout entier) nous invite à une escapade en banlieue. Zhujiajiao est une jolie petite ville d’eau à une trentaines de kilomètres de la métropole. Un exutoir facile pour sortir un peu de la ville et son cafouilli. Erreur. On met plus du double du temps en autobus pour se rendre de par les congestions routières, encore pire pour le retour, et sur place, une marée innimaginable de monde nous donne envie de nous isoler sur mars. Impossible d’apprécier la vieille cité antique et typique qui se dessine devant nous, tout ce qu’on y voit sont des hordes de touristes locaux qui se bousculent. Les Chinois, eux, sont habitués à être nombreux au pied carré. La vue périphérique n’est pas une constitution de leur physiologie, la conscience d’autrui est facultative et la notion de “bulle” personnelle complètement absente. Nous, les Canadiens sous-peuplés et un tantinet agacé par le simple contact physique avec un autre humain, se sentons un peu à l’étroit. Au final, on apprécie “l’expérience” mais nous n’avons presqu’aucun souvenir de Zhujiajiao!

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Fenghuang

Un petit vol interne de 2:15 nous amène dans la province du Hunan, au centre de la Chine, dans le village de Fenghuang. Fenghuang signifie “phénix”. L’histoire raconte que 2 phénix ont découvert cette petite cité bien préservée et ne l’ont jamais plus quitté. La région, inscrite au patrimoine de l’Unesco, a gardé son cachet datant des anciennes colonies du 14 au 17e siècle et a survecu aux guerres et aux autres destructions humaines de par son isolement à travers les montagnes. On dit aussi qu’on y retrouve la 2e grande muraille de Chine, ne faisant “que” quelques 200 km de long, mais nous n’avons pas eu la chance de la visiter. Cette ville est tout simplement magique. Une destination prisée par les touristes Chinois, surtout en ce temps de Golden Week, qui en vaut chaque photo. À Fenghuang, on erre tout autour de la rivière Tuo Jiang pour observer les bâtiments typiques aux pignons retroussés et quelques balades en barques nous font découvrir de nouveaux points de vue. À chaque heure de la journée, la luminosité nous offre un décor changeant en couleur mais tout aussi enchanteur. On ne s’en lâsse pas.

En photos:

On découvre aussi qu’ici, en campagne reculée, les habitudes alimentaires sont quelques peu différentes de Shanghai. Adieux les fameux xiao long bao (la meilleure chose qui existe sur cette terre) et bonjour les animaux ‘vivants’ en cage près des restaurants, qui font office de menu, on le suppose. Poulets, capibaras, autres rongeurs non-identifiés, gros crapauds, tortues, serpents, mollusques de mer aux drôles de formes…. et même des chats. À ce sujet, nous n’avons jamais eu confirmation qu’il les mangeaient mais il y avait bel et bien des chats en cage à côté des poulets. On a donc opté, à Fenghuang, pour des options plus classiques, des valeurs sûres pour s’éviter de manger les bêtes. Riz frit, dumpling, nouilles, pizza…. et même PFK à fait parti de notre menu. Ce n’est pas à Fenghuang qu’on a le mieux mangé, disons. Il faut considérer aussi qu’aucun menu n’est en anglais et que personne ne peut nous le traduire… nous devons donc pointer des photos en se croisant les doigts que ce ne sera pas du chat.

Après près de 4 belles journées entières à contempler la veille cité, sa richesse d’antan, son cachet authentique et ses gens magnifiques, nous quittons pour une autre campagne, cette fois beaucoup plus populaire: Zhangjiajie.

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Wulingyan et Zhangjiajie

Toujours dans le Hunan, 5 heures d’autobus avec les bébés nous amènent à notre prochaine destination, où nous passerons une semaine toute entière. Petit aparté sur les bébés, justement. Ils s’aiment, ces deux-là. On les observe discrètement se donner à une vraie valse de courtisage digne des animaux à plumes: Rafael fait le beau, il se tortille, glousse, bat des ailes… Simone le regarde les yeux ronds, passionnés et profonds et elle ricane à chacun de ses mouvements. Ils sont plus qu’adorables.

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Fin de l’aparté. Nous voilà dans un des plus grand et somptueux parc national de la Chine: Zhangjiajie National Forest Park qui se trouve dans le Wulingyan Scenic Area.

L’endroit est connu pour ses 3000 pics rocheux de quartz qui ont inspirés James Cameron pour ses forêts flottantes dans Avatar. C’est ce qu’on dit, c’est ce qui est su, mais on a aussi appris que cette histoire est fausse et que ce serait plutôt les locaux eux-mêmes qui, après la sortie du film, ont noté une ressemblance frappante entre les pics flottants du film et les réels pics de la région. Ils auraient décidé de se servir de cela pour “vendre” le parc au touristes. Dans tous les cas, vrai ou pas, ces forêts rappellent en effet les belles montagnes brumeuses et enchanteresses du film fantaisiste grandement récompensés.

Plusieurs attractions sont offertes pour occuper les touristes dans la région, une semaine ne sera pas de trop! Pas 1 cable-car mais plusieurs parcours, des ponts suspendus en verre (oui, “des”), des sentiers à flanc de montagne, des ponts naturels, des pics, des pics et encore des pics. Beau temps, mauvais temps, on explore.

On essaie tout: ascension périlleuse en autobus à flanc de montagne à Tianmen qui nous fait regretter d’être né à chaque virage, montée abrute dans “le plus long cable-car au monde” (je vous le disais bien que ce n’était pas fini..) qui part directement de la ville de Zhangjiajie pour grimper aux sommets de Tianmen, descente aux enfers dans “le plus haut ascenseur extérieur au monde” dans les forêts d’Avatar, promenade sur le bord des falaises sur plateforme de verre à 1400m de la terre ferme, autre cable-car effroyable, autre pont de verre et cette fois, “le plus long et le plus haut au monde”, rien de moins bien sûr… Et oui, tout ça avec les bébés. Vous pouvez penser que nous sommes des parents irresponsables, allez. On accepte le jugement, on se remet parfois en question nous-mêmes.

Nos folies, en photos:

Alors le jour, on enchaîne les activités à sensations fortes. Le soir, on retrouve le plaisir de la gastronomie chinoise dans la petite ville animée de Wulingyan avec plein de petits restos typiques où l’on retrouve, bien sûr, nos classiques tant adorés: nouilles, dumplings, won-ton…. toujours pas de xiao long bao mais plusieurs autres belles découvertes! Nous avons par contre volontairement omis d’essayer la spécialité du coin, la salamandre. Un beau gros lézard flasque et gluant, servi entier. On le voit, il est là, bien vivant, dans son aquarium à attendre son heure. C’est dégueulasse. Par contre, on a voulu essayer le fameux hotpot style soupe au poulet. NEVER AGAIN. On a rien mangé. Des grosses pattes de cartillage flottaient, avec la peau noircie qui se décollait tout doucement par la chaleur du bouillon… ça ne nous inspirait pas trop…

Et parce que tout ça ainsi que les cable-car, ponts de verre et autres activités suicidaires n’étaient pas assez en terme de sensations fortes pour nos chums, les garçons se précipitent pour déguster un gros insecte ignoble non identifié. Cette monstruosité ressemblait à un gros cocon de larve. Une fois la panse bien protéinée, ces messieurs s’exercent à la fabrication de grignotines sucrées chinoises. Ça doit être le gavage au vin de riz qui fait délirer monsieur Boutet. Dans l’ordre, cette soirée a eu l’air de ça:

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Au revoir, Shanghai

Afin de se remettre de nos émotions fortes de la dernière semaine, retour à Shanghai pour quelques jours avant de se diriger vers Montréal. Un dernier petit vol interne et nous voilà en ville. Le 2e coup d’oeil à Shanghai est encore plus merveilleux. La ville est si belle, si grandiose, si lumineuse de jour comme de nuit, la bouffe est extraordinaire, rebonjourrrrr les xiao long bao!! Et que dire du shopping…. nos dernières journées seront consacrées au fameux fake market de Shanghai. Situé à même une station de métro, ce labyrinthe de sacs, vêtements, chaussures, jouets, bijous, déco, électroniques et j’en passe, nous fait dépenser tous nos petits yuan ¥ restants, et plus encore. Alors si vous nous voyez couverts de vêtements griffés prochainement, vous pourrez douter de la véracité de nos biens!

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Un dernier vol de 14 heures nous ramène à Montréal tous les 4. En gros, avec nos yeux d’occidentaux, voici ce qu’on retient de la Chine:

– La Chine, c’est un monde en soi: ils sont un peu (beaucoup!) coupé du reste du monde. Rappelons-nous que Google (et tous ses dérivés: Google Map, Chrome, etc) a boycotté le pays et que tous les réseaux sociaux qu’on connait sont interdits par le gouvernement. Même les grandes marques internationales ne sont pas si présente contrairement à ailleurs en Asie. On remarque que la Chine est donc un monde auto-suffisant. Après tout, à eux-seuls ils constituent le 1/6 de la population mondiale! Ils n’ont besoin de personne, même le tourisme interne suffit à faire vivre l’industrie car pas ou peu de facilités sont adaptées pour les touristes occidentaux.

– Ce qui veut dire que ce n’est pas un pays facile à voyager! La barrière de la langue est vraiment un obstacle et la cause principale de quelques maux de tête. Considérant leur indépendance face au reste du monde, ils n’ont pas besoin de maitriser l’anglais. Même la gestuelle est différente. Voyager avec enfants/bébés n’est pas évident non plus. Rien n’est très bébé-friendly. Pas ou peu de descente pour poussettes, pas de table à langer nul part pour changer les bébés. Par terre est une option, mais considérant que les toilettes traditionnelles en Chine sont au sol, ce n’est pas très sanitaire. Les couches, le lait, rien n’est simple à trouver et surtout, tout est identifié seulement en signes Chinois. Bref, pas une destination famille de premier choix mais pour ceux qui ont envie de le braver, l’expérience en vaut le coup!

– Par contre, les Chinois adooooorent les bébés! Il faut dire que nos bébés sont pas mal extraordinaires 😍. Ils sont patients et nous suivent partout sans broncher. Sans routine, ils s’adaptent à toute situation. Rafael mange de tout comme un glouton, fidèle à ses habitudes. Simone ricane toujours et encore (mon meilleur public!!) et ce malgré les siestes négligées. Ils sont super sociables et sourient constamment aux étrangers… ce qui est essentiel en Chine en fait, car les bébés sont vraiment les vedettes de notre voyage. Les Chinois ne se gênent pas pour les aggriper, les prendre, les tirer pour s’offrir un selfie avec nos beaux bébés blancs bien dodus. On trouve cela bien mignon et flatteur, quoi que un brin intrusif par moment.

– La Chine, c’est un dépaysement et une découverte culturelle unique. Vraiment, la Chine est un monde fascinant. Le pays est si grand, il y a tant à découvrir et prétendre qu’on connait le pays après seulement 18 jours serait prétentieux. 1,3 millards d’habitants, c’est beaucoup beaucoup de traditions et de cultures différentes sur un vaste territoire. En terme de paysage, on a d’abord été complètement charmé par les campagnes perdues au centre du pays: L’authenticité traditionnelle de Fenghuang est marquante. Les forêts mystiques à l’infinies de Zhangjiajie sont fascinantes. Pour ce qui est de la grande ville, elle a su conquérir notre coeur urbain et surtout, notre estomac! Concernant les gens, contrairement aux fausses idées qu’on se fait d’un peuple froid, les gens sont plutôt gentils, souriants, aidants au meilleur de leur capacité malgré la difficulté à communiquer.

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À bientôt les Chinois, on essaiera les pattes de poulet la prochaine fois, promis!

Et merci les poupous pour UN AUTRE magnifique voyage en votre compagnie ❤️

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